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Igor Palenschko
11 février 2011

Des news d'Igor !!!

Les folles nuits d'Igor à Genève (et ailleurs)

Ce samedi (26 mai 2012) une interview exclusive d'Igor Palenschko paraissait dans la Tribune de Genève. Squelette de cerf connu pour ses contributions majeures à l'histoire de la science, de la musique et de l'art en général, Igor se livre aux journalistes en toute simplicité. Ci-dessous, la preuve en image de cette interview et le transcript de cette merveilleuse rencontre.


IgorTdG

 

«Putain, à cette époque, c'était du sérieux; qu'est-ce qu'on se marrait! » C'est par ces mots, à la place d'un « Bonjour » conventionnel, qu'Igor Palenschko nous accueille dans sa demeure au bord du lac. Les conventions, ça n'a jamais été son truc; bien moins que la boisson en tout cas. Ceci dit, Igor respecte quand même certaines conventions, comme par exemple la convention internationale pour la protection des végétaux (il s'assure en particulier de la prolifération de ceux qui se fument). Et Igor sait aussi utiliser plusieurs mots de manière tout à fait conventionnelle et normale, tel que « attention » pour signifier qu'il y a un danger à proximité — danger qui est d'ailleurs le plus souvent Igor lui-même. Eh oui, Igor est comme ça: plein de mystères, de paradoxes, de dangers et d'alcools en tous genres.

Il nous reçoit dans une tenue modeste et décontractée. Ce jour là, il porte pour seul vêtement une robe de chambre qu'il a volé dans un hôtel après avoir violé la femme de ménage et brutalisé plusieurs pièces du mobilier (Palenschko est parfois surnommé PSK). « Je ne porte jamais de slip, dit-il sans transition et en se grattant l'entre-jambe, c'est un vieux truc de rockeur superstitieux; j'ai besoin de pouvoir me gratter les parties en toute liberté, ça m'aide à me concentrer pour délivrer un meilleur service, un peu comme un certain joueur de tennis que vous connaissez peut-être, poursuit-il en se versant un copieux verre de whisky en guise de petit déjeuner. Et puis j'ai choppé plein de saloperies pendant toutes ces années de tournées déjantées; ça me gratte hyper souvent. »

Il est 9 heures du matin, nous sommes chez Igor Palenschko — autant dire Dieu. Il nous adresse la parole, à nous pauvres mortels. Nombreux sans doute sont ceux qui nous envient, alors que nous-mêmes n'y croyons pas. Quelque part, Igor est pourtant un être simple. La preuve en est: il habite à Rolle, petite ville Suisse sans prétention. Il explique pourquoi il a choisi cet endroit plutôt qu'un autre: « J'ai décidé d'habiter ici à cause du nom: rock and Rolle, baby! » dit-il en éclatant d'un rire crasseux et mimant un solo de guitare survolté. S'agitant pendant deux bonnes minutes, il pousse des cris stridents, secoue les bras dans tous les sens et crachote des restes de whisky en imitant la batterie. Il fini par une glissade sur les genoux, qui apporte définitivement la preuve qu'il ne porte pas de slip. « Ouais, j'adore Rolle, ajoute-t-il enfin. Mais il faut dire que j'ai hésité avec Bière quand même. » C'était il y a de nombreuses années.

Igor simplement vêtu pour un service de qualité

IgorBathRobe


La belle époque

Souvenir, souvenir. A cette époque, Igor vivait à Genève, mais personne le connaissait encore. « Un jour, raconte-il, j'ai garé ma trottinette électrique devant l'entrée de la Migors. » [Igor, en grand pionner de l'avant-gardisme, était alors le seul adulte à se déplacer en trottinette; c'était également le seul à disposer d'un véhicule électrique, ainsi que le seul à se garer n'importe comment avec, NDLR.]

Igor poursuit et s'embrouille un peu (il est déjà bien bourré): « Une vieille bonne-femme a commencé à me faire la morale. Je lui ai collé sous le nez la page des obsèques d'un journal que je trainais alors toujours avec moi ce journal me servait à nettoyer ma trottinette lorsqu'un chien chiait dessus pendant que j'achetais des clopes (les clopes étaient le seul truc que j'achetais à l'époque, j'étais obligé d'en acheter parce que j'en fumais 28 paquets par nuit; le reste — la coke, les filles, les bandanas, les amplis guitare, le fric, etc. — je le volais à des junkies ou à alors mes voisins). » [Un ancien voisin (un anglais originaire de Wimbledon) a confirmé qu'Igor vivait bien de vols et d'agressions à cette époque: « He loved racket, and he really had the balls for it. »]

Tout à coup, Igor se souvient de quoi il parlait au début et conclut: « Bref, revenons à cette histoire de trottinette et à cette vieille. Je lui ai dit en pointant au hasard un nom sur la page des obsèques: « regarde ça mémé, si tu m'emmerdes, demain c'est toi qui sera dans le journal » Elle est partie en chialant. C'était le bon temps, on pouvait charrier les filles sans risquer de procès pour harcèlement. »

Igor était comme ça en ce temps là: sympa comme tout, mais il ne fallait pas l'emmerder, ni même s'en approcher. (Plein de paradoxes, on vous l'a dit au début; on ne raconte pas des conneries.)

A cette époque, Igor était en permanence survolté et commençais toujours ses concerts dans la fumées des projecteurs en feu — des incendies aussi ponctuels que spectaculaires, provoqués par la surcharge du réseau électrique dès que le show commençait. Toute la scène se mettait à cramer quand Igor claquait les premiers accords, branché sur 120 amplis géants de 140'000 watts chacun. L'électricité était bon marché; on ne lésinait pas sur les doses.

C'était vraiment la grande époque. L'époque où les solos de guitare rendaient sourds les 18 premiers rangs de spectateurs. L'époque où l'on nageait dans la bière, sur scène et dans le public, avec un risque permanent d'électrocution. L'époque où les incidents se comptaient sur les doigts fracturés des mains trop agitées dans les pogos. L'époque où les cigarettes étaient sans filtres, les filles sans soutien gorge et les bières sans capsules. L'époque où l'on montait sur scène pour se jeter dans un public torse nu, électrocuté, sourd et fracassé, mais tellement heureux. Toutefois, l'histoire n'a pas toujours été aussi rose pour Igor.

Igor sur scène en 1969 (période rose)

IgorPinkSmoke




Folie de l'Italie

Avant de venir en Suisse, Igor a vécu en Italie, car il adorait (et adore toujours) les pizzas. Hélas, son amour des pizzas lui a causé quelques ennuis. A l'aube des années 70, Igor avait la mafia aux fesses. Il raconte: « J'ai déconné à Milan, je me suis endetté à mort auprès de personnes pas très recommandables. » Il évoque cela en haussant les orbites et en secouant doucement son crâne de haut en bas, non sans un petit rictus néanmoins, suggérant que c'était grave, mais aussi assez marrant. Il continue: « Tous les vieux parrains voulaient ma peau, mais je n'en avais plus depuis longtemps. Et pourtant, ces vils milanais vicieux voulaient récupérer leur dû après m'en avoir fait gracieusement don. Ah, ces vieux singes malicieux... »

Changeant d'expression, il prend un air à la fois étonné et malheureux. Il ajoute: « Franchement, c'était vraiment bizarre, car le fric qu'ils me filaient c'était de leur plein gré, pour que je leur casse les oreilles avec mon rock n' roll, baby! Et ils aimaient ça les vieux; ils sautaient partout et se mettaient la tête dans les enceintes! »

A ce moment là, Igor nous fait à nouveau un petit solo de guitare virtuel pour illustrer son propos. Alors que nous commençons à comprendre ce qu'il veut dire, nous mettant nous aussi à faire des bruits bizarres tout en gesticulant et crachotant, il reprend, d'un air grave: « Peu après, tout est parti en couille. Les parrains sont devenus malentendants, ils ont décrété que c'était ma faute et que je devais leur payer à tous des sonotones en platine. J'ai fait la sourde oreille et toute cette histoire a fini en gros malentendu. Les parrains voulaient que je pose nu dans des revues érotiques italiennes pour leur rendre leur pognon. Ils les voulaient leurs sonotones les papys! Mais je leur ai gueulé dessus et je me suis tiré. Et j'ai fait ça avec une passion terriblement obscure pour l'époque c'était le début de l'été et le temps était en général plutôt clair. »

Grâce à un enregistrement exclusif et rare, ces mots d'Igor ont pu être reconstitués avec une exactitude quasi parfaite: « Igor ne vous appartient pas. Igor est libre! La traite des squelettes de cerf est fini depuis longtemps et ne recommencera pas demain!! Non, Igor ne posera pas nu dans des revues érotiques italienne; non, Igor ne sera pas la victime de ces perversions sudistes; non, non et non! Igor ne sera pas récupéré par la mafia comme les recettes de la FIFA et des pizzas!! Igor sera libre, réfugié en Suisse; tel Voltaire et Rousseau réunis, il rayonnera de sa sainte lumière sur le monde depuis cet endroit là et depuis aucun autre. Rock and roll, baby! A l'abordage !!! Que le sang coule comme l'encre de mille stylos qui bavent et barbouillent de furieux messages! Que les ténèbres se lèvent sur vous comme l'ancre du navire qui m'emmènera loin de ces terres hostiles et sauvages! »

Après un instant de silence, attendri par le souvenir de cette violente tirade (encore un paradoxe Igorien typique), le célèbre squelette finit le récit de cette histoire palpitante: « Après avoir hurlé ces mots aux parrains, écumant de rage vers la fin — et me demandant pourquoi j'avais fait référence à Voltaire et Rousseau plutôt qu'à Lemmy et Ozzy —, j'ai fait semblant de tous les descendre avec un pistolet à eau rempli d'huile bouillante. Ils ont bien flippé ces cons. J'en ai brûlé plus d'un; certains sont même morts d'attaque cardiaque. Je n'ai pas raté mon coup. Peu après, j'ai embarqué sur un bateau qui a remonté le Rhône et m'a amené à Genève. C'était en 1971; Apollo 14 se posait sur la lune et moi j'arrivais en Suisse. »


Igor presque parrain dans les années 70

IgorFather



Les hauts et les bas d'Igor en Suisse

Infatigable, plus dangereux et sympa que jamais, Igor vécu alors en Suisse des années qu'il qualifie aujourd'hui en deux mots: « cool » et « alcool ». [Fait étonnant du hasard, Al Cool était d'ailleurs le nom d'un des parrains évoqués ci-dessus, le seul avec qui Igor ait vraiment été ami, NDLR.]

Igor explique plus en détail ses folles années à Genève: « C'était trop mortel, on faisait des centaines de concerts par semaine, on tisait des milliers de litres de bières par jour; mais ce n'était pas l'orgie, on restait concentré; on déconnait d'une manière organisée, rationalisée; on avait des emplois du temps hyper complexes et subtiles, rien n'était laissé au hasard; des types nous versaient de l'alcool dans le gosier pendant qu'on avait besoin de nos mains pour jouer du rock n' roll, baby! On était inspiré, révolutionnaire; on voulait tout changer, on était plus motivés que des chiens boulimiques devant des croquettes nappées de pâté en croute et saupoudrées de chats pilés. On menaçait sans cesse le gouvernement, on promettait de manifester éternellement jusqu'à ce que l'anarchie rationnelle (notre modèle social) règne sur terre; on hurlait des slogans jusqu'à en devenir aphone. »

Par miracle, malgré le nombre incalculable de cuites prises à cette époque , Igor se souvient encore d'un de ces slogans: « Nous serons plus collants et solides que de la cyanolite et des polymères époxydes réunis! Nous combattrons sans répit comme l'oiseau fait et refait son nid chaque saison; nous serons là chaque jour de chaque année devant votre maison; nous reviendrons à l'infini! »

Mais après cette belle période d'utopie, de tristes années à nouveau ont suivies — c'est le grand cycle d'Igor, du rock n' roll et de la vie. Le monstre sacré relate la suite de ses péripéties: « Après cette époque, j'ai beaucoup déménagé. Je n'avais plus d'argent; j'ai vécu pendant huit ans dans une cuisine à Annemasse; c'était une sous-co-location (des bons plans normalement à l'époque, mais là, je n'avais ni chance ni pognon, alors c'était assez dur, un peu comme l'était autrefois cet entre-jambe qui me gratte souvent aujourd'hui). Mais tout cela est terminé. Depuis quelques années, je suis rangé, un peu comme un vieux fusil de service militaire dans une cave d'immeuble désaffecté. Ceci dit, je peux encore tirer quelques cartouches si l'occasion se présente. »

Igor dans sa cuisine à Annemasse en 1985

Igor-in-a-messy-kitchen


C'est sur ces mots un peu tristes qu'Igor nous a subitement quitté. Il avait besoin d'aller aux toilettes  c'est du moins ce qu'il nous a dit. Il n'est jamais revenu. Peut-être avons nous été maladroits dans notre interview, trop inquisiteurs ou pas assez respectueux de sa grandeur; peut-être l'avons nous vexé sans le vouloir. Ou peut-être était-il extrêmement constipé. Nous avons attendu trois jours et trois nuits, puis nous sommes partis, plein d'une amertume mêlée d'amour (paradoxe, encore et toujours, en forme d'hommage à Igor). Sur le chemin du retour, pour nous remonter le moral, nous avons repensé à toutes les fois où ce vieux squelette sympathique nous a raconté comment il s'était endormi jusqu'à la mort dans son vomi en Italie, en pure rock star accomplie qu'il était alors et reste encore aujourd'hui.

En conclusion, nous affirmerons sans hésitation qu'Igor est à Rolle ce que le pape est à Rome. Igor est au rock comme Pierre est apôtre. Maintes fois né et rené d'outre-tombe, père et repère du rock n' roll, Igor a certes disparu sans crier gare ce jour là, mais il reviendra c'est certain  à pied, en bateau, en voiture ou en train.

 

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